Le coup d'état de 1957 était orchestré par trois généraux : Sarit, Thanom Kittikachorn et Praphat Charusathien, qui ont dirigé la Thaïlande de 1957 à 1973. Sarit incarne l'image de l'homme fort, à l'instar de certains monarques du passé. Bien qu'il eût fait disparaître tout maquillage démocratique, ses capacités et son souci de la discipline lui valurent le soutien de la population.
Les chefs militaires prirent une part active aux affaires économiques, contrôlant peu à peu les principales compagnies financières, industrielles et commerciales, nationales ou étrangères. Le développement économique fut déclaré priorité nationale et un plan de six ans mis sur pied. Sarit mit en place des institutions nécessaires au développement national : un Bureau de l'investissement fut chargé d'attirer les capitaux extérieurs, l'organisation du tourisme thaïlandais fut créée pour développer ce secteur, importante source de devises.
A la mort de Sarit, en 1965, Thanom devint Premier ministre et chef de la junte, avec Praphat comme commandant en chef de l'armée. Pendant la guerre du Viêt-nam, la Thaïlande se rangea au côté des Etats-Unis contre la menace communiste. La construction de six bases aériennes américaines fut autorisée en 1965 en échange d'une aide financière pour la construction d'autoroutes.
En 1968, le roi promulgua une nouvelle Constitution et, l'année suivante, Thanom fut confirmé au poste de premier ministre par des élections démocratiques. Cependant la situation intérieure ne devait pas tarder à se détériorer à la suite d'un conflit entre la nouvelle Assemblée élue et le cabinet. La Constitution fut abrogée et la loi martiale instituée. Les leaders du mouvement estudiantin demandaient la fin de la dictature militaire et le retour à la démocratie parlementaire. L'agitation gagna principalement l'université Thammasat, réputée de gauche. En octobre 1973, des émeutes firent soixante-neuf morts et huit cents blessés. La clique de Thanom dut se retirer et prendre le chemin de l'exil.
Il s'ensuivit une période d'ouverture entre 1973 et 1976, qui fut un cauchemar pour les bureaucrates et l'élite militaire. Les groupes de pression se formaient par centaines, grèves et manifestations se multipliaient, et les élections n'amenaient que des coalitions sans lendemain.
Le gouvernement le plus fructueux fut celui de Kukrit Pramoj, qui mena une sage politique extérieure. Il renoua des relations diplomatiques avec la république populaire de Chine et renforça le rôle de la Thaïlande au sein de l'ASEAN (Association de pays du sud-est asiatique). En octobre 1976, de nouveaux affrontements entre les étudiants et la police provoquèrent la reprise du pouvoir par l'armée.
La chute du Viêt-nam, du Laos et du Cambodge en 1975 a entraîné le retrait des troupes et de l'équipement américains de Thaïlande. Or, les Gl's avaient l'habitude de venir à Bangkok pendant leurs permissions. Leurs besoins de distractions ont donné naissance à une industrie du loisir qui fit prospérer temporairement l'économie locale, mais leur présence eut aussi pour conséquence de nombreuses naissances illégitimes qui posèrent de nombreux problèmes d'intégration.
L'opinion mondiale pensait alors que la Thaïlande serait le prochain pion qui tomberait dans le camp communiste. Ces prédictions alarmistes furent déjouées grâce à l'union du pays autour du roi et de la religion bouddhiste.