La mort prématurée de son frère aîné éleva Prachathipok (Rama VII) au trône royal bien que cet ancien collégien d'Eton eût préféré la carrière des armes aux responsabilités du pouvoir. Néanmoins, cela ne l'a pas empêché de surveiller de près les affaires économiques et l'efficacité du gouvernement. Rompant avec les habitudes de son frère, il réduisit les dépenses publiques, à commencer par celles de la maison royale. Cette politique d'économie, combinée à l'accroissement du revenu du commerce extérieur ne tarda pas à porter ses fruits.
Au début de son règne, les communications bénéficièrent de la création d'un service de télégraphie sans fil et de l'ouverture de l'aéroport de Don Nuang à Bangkok. Sur le plan culturel, il continua l'œuvre de ses prédécesseurs en créant un département des Beaux-Arts, ainsi que la Bibliothèque nationale et le Musée national.
Consciencieux et travailleur, Prachathipok s'est montré soucieux d'améliorer les conditions de vie de ses sujets. Il avait tout à fait conscience qu'une fraction de la population, éduquée à l'étranger, réclamait une participation plus grande au gouvernement, mais il pensait que les Siamois, dans leur ensemble, n'étaient pas mûrs pour la démocratie. En 1927, Il déclara dans un discours public que le peuple devait acquérir une conscience politique avant d'obtenir la démocratie.
La crise économique mondiale de 1931 frappa durement les exportations de riz. L'abandon de l'étalon-or, qui liait la monnaie thaïe, le baht, à la livre sterling, fut impuissant à enrayer la crise financière.
Le gouvernement dut recourir à des économies supplémentaires en abaissant les salaires du personnel subalternes et en réduisant les dépenses militaires.
Le mécontentement gagna ainsi les officiers et les fonctionnaires.
La célébration du 150° anniversaire de la dynastie Chakri, en avril 1932, se déroula dans une atmosphère tendue, au milieu des rumeurs et des spéculations. Deux mois plus tard, un coup d'état mettait fin à un règne paternaliste mais absolu.
Ce fut le dernier des monarques absolu. Ils l'étaient depuis Sukhothaï !
Le complot avait été préparé par le Parti populaire. Un rassemblement de civils et de militaires dirigés par des Thaïs éduqués à l'étranger. L'idéologue du parti était Pridi Phanomyong, un jeune juriste ayant étudié en France. Du côté militaire, le capitaine Luang Phibun Songkhram obtint le soutien de colonels influents. Avec quelques chars, les septante conspirateurs déclenchèrent leur révolution en occupant les points stratégiques et en gardant les principaux princes en otages. Le reste des officiers se tint à l'écart et le public ne prit aucune part au soulèvement, sinon comme spectateur. Le roi était absent de Bangkok, il rentra précipitamment et, pour ne pas faire couler le sang, accepta la Constitution provisoire aux termes de laquelle il cessait de gouverner sans cesser de régner.