L'ECLAT MITIGE DE VAJIRAVUDH


Le successeur de Chulalongkorn, Vajiravudh (Rama VI), inaugura son règne (1910-1915) par un splendide couronnement. Eduqué à Oxford et complètement anglicisé, il voulut moderniser le Siam par des réformes inspirées de l'Occident, qui transformèrent la société en profondeur. Dans le domaine des moeurs, un de ses premiers édits, de 1913, ordonnait à ses sujets d'adopter des noms de famille. En l'absence de tout système de clan ou de caste, la généalogie n'était pas une science développée en Thaïlande. Autrefois, seuls les prénoms étaient employés, pratique que le roi considérait comme non civilisée. Le roi plongea d'abord le peuple dans le désarroi, surtout à la campagne. Vajiravudh attribua lui-même les patronymes à des centaines de familles.

Pour simplifier les titres à rallonge de ses ancêtres vis-à-vis des étrangers, il choisit un nom, «Rama» devant désigner tous les membres de la dynastie Chakri, suivi du numéro de leur règne. C'est ainsi qu'il se proclama Rama VI. Il légiféra même dans le domaine des Grâces, et imposa un nouveau canon de beauté féminine, plus occidentalisé. Les femmes avaient l'habitude de couper leur chevelure presque à ras. Il les encouragea à se laisser pousser les cheveux et à remplacer leurs dhotis (ou pantalons de golf), par le panung (sarong de style thaï).
L'éducation primaire devint obligatoire dans tout le royaume et les écoles pour les deux sexes se multiplièrent. L'université de Chulalongkorn fut fondée en 1917 en mémoire de son père.

En politique, il mit ses talents d'écrivain et de dramaturge au service de l'idée nationale. Ses pièces glorifiaient les légendes et les héros de l'histoire thaïe. En outre, il écrivit, sous un pseudonyme, des essais célébrant les mérites de la nation thaïe.

Quand la Première Guerre mondiale éclata, le Siam resta neutre. Le 22 juillet 1917, Vajiravudh se rallia finalement aux Alliés et envoya un petit corps expéditionnaire en Europe, ce qui permit au Siam de mieux se faire connaître à l'étranger et de faire partie de la Ligue des Nations.
Le drapeau thaï, un éléphant blanc sur fond muge, fut hissé parmi d'autres à Versailles, mais le pachyderme fut pris par mégarde pour un petit animal domestique. L'incident affecta profondément le roi, qui décida de changer les couleurs du drapeau en bandes rouges, blanches et bleue représentant la nation, la religion et la monarchie, bases de la Thaïlande moderne.

Le caractère particulier de Vajiravudh lui faisait préférer aux conseils les entretiens en tête à tête avec ses ministres. Ce qui valut à son régime d'être critiqué pour son autocratie et son manque de coordination. Les membres de sa famille se plaignaient en outre de ne pas voir suffisamment un souverain qui goûtait davantage la compagnie de ses courtisans, pour qui il se montrait d'une générosité extrême. Ses extravagances vinrent rapidement à bout des réserves constituées par Chulalongkorn. A la fin de son règne, le Trésor dut même combler les déficits occasionnés par les dépenses personnelles du roi.
Vajiravudh se maria tardivement. Son unique enfant, une fille, naquit la veille de sa mort. Son jeune frère, Prachathipok, qui lui succéda, du affronter les conséquences d'un règne brillant mais critiqué./

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© Alain Bottu
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