LA MODERNISATION DE LA THAILANDE


Grâce à Hollywood, Rama IV (1851-1868) est devenu le roi de Siam le plus célèbre.
Mieux connu sous le nom de Mongkut, on le voit dans le film «le Roi et moi» en despote chauve et frivole. Ce n'est pas du tout la vérité. Il fut en fait le premier roi à comprendre, en profondeur, la culture et la technologie occidentales à ce point que son règne fut qualifié de «pont reliant le passé au présent».

Mongkut était le plus jeune frère de Rama III, il passa les vingt-sept années précédant son accession au trône comme moine bouddhiste. Pendant cette longue période de solitude, état qui lui donna une possibilité unique d'approcher le peuple et d'en connaître la sensibilité, il acquit une connaissance profonde du bouddhisme. Le mouvement Dhammayut Nikaya, qui était dans certains aspects différents du Maha Nikaya amené par les gens de Sukhothai. Les deux groupes ont depuis prospéré côté à côté. Il apprit aussi le pali tandis que l'évêque catholique Pallegoix lui enseignaient le latin, il étudiait l'anglais, lui ouvrant ainsi l'accès aux textes européens. Il cultivait un savoir multiple : l'histoire, la géographie, les sciences, et en particulier l'astronomie.

Il prit conscience que les valeurs thaïes traditionnelles ne pouvaient résister à la pression de l'Occident. Il était au contraire convaincu que la modernisation mettrait le Siam sur un pied d'égalité avec l'Europe et permettrait ainsi de réduire les conflits avec les étrangers. La Grande-Bretagne fut la première nation européenne à bénéficier de cet état d'esprit. En 1855, un traité, signé avec le représentant britannique du gouverneur de Hongkong John Bowring, reconnaissait des privilèges extra-territoriaux à ses ressortissants, limitait la taxe sur les importations à 3 % seulement et autorisait l'entrée de l'opium indien en franchise.
Des traités similaires furent conclus avec d'autres pays. Ce furent les Etats-Unis en 1856, avec Townsend Harris, la France, la même année avec de Montigny, envoyé de Napoléon III, le Danemark et le Portugal en 1858, la Hollande en 1860 , l'Allemagne en 1862, la Norvège, la Suède, la Belgique, l'Italie, le Japon en 1868, et encore d'autres pays.
Mongkut ouvrait ainsi son pays à un flux vital de commerce avec l'étranger, ouvrait les esprits aux nouvelles idées. Imprimeries, routes, canaux, monnaie moderne permettaient d'aller à la rencontre des exigences accrues de commerce de son pays.
Il réformait l'administration, installait des conseillers étrangers dans des départements gouvernementaux, se faisait aider par des officiers européens pour améliorer l'armée et organiser les forces de l'ordre.
Il réaffirmait la liberté de religion et encourageait les missionnaires chrétiens dans leur travail médical et éducatif.
Quand Mongkut mit fin au monopole d'état sur le riz, cette denrée devint le principal produit d'exportation du Siam.

Rama IV souhaitait que ses enfants tirent le même profit de la langue anglaise que lui-même. A cet effet, il prit à son service une veuve Anglaise de Singapour, Anna Leonowens, pour enseigner l'anglais à ses enfants. Grisée par ce succès et fière d'elle-même, cette gouvernante fit un récit de sa vie dans lequel elle exagéra considérablement son rôle à la cour, donnant du roi l'image d'un autocrate cruel, impliqué en permanence dans des intrigues de harem. Les sources thaïes mentionnent à peine son séjour au Siam de 1862 à 1867.

L'astronomie, occupation favorite de Mongkut, fut indirectement la cause de sa mort. Des observatoires qu'il avait installés dans ses palais préférés, le palais d'été de Bang Pa-In et le palais de Khao Wang à Phetchaburi, il calcula avec exactitude la date d'une éclipse totale de Soleil, prévue pour le 18 août 1868 ; des Européens et des Asiatiques sceptiques l'accompagnèrent sur la côte sud-est du golfe du Siam, où il s'était rendu pour observer le phénomène, qui se produit en effet à la date fixé.
Le triomphe de Mongkut rehaussa son prestige dans la communauté européenne et auprès des astrologues orientaux. Hélas, sa gloire fut de courte durée, car ayant contracté le paludisme au cours du voyage, il mourut deux mois plus tard.

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© Alain Bottu
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