LE DECLIN DE LA PLUS BELLE VILLE D'ORIENT


Les Européens, dont la présence au Siam fut ininterrompue sous le règne de Naraï, sont à l'origine d'une volumineuse littérature où l'europe à puisé sa première connaissance du pays. Les descriptions topographiques ont laissé un tableau très précieux d'Ayutthaya. Des palais royaux et des centaines de temples se dressaient à l'intérieur de l'enceinte entourant l'ile-capitale. Certains visiteurs la comparèrent à Venise, la sacrant la «plus belle ville de tout l'orient». L'abbé de Choisy, envoyé de Louis XIV, fut plus réservé : «Je n'ai jamais rien vu de plus beau, écrit-il, malgré le fait que les temples soient les seuls édifices qui ne puissent se confondre avec la nature».

Les successeurs de Naraï abandonnèrent la politique de la «porte ouverte».
Un courant commercial minimal fut maintenu et les missionnaires furent autorisés à rester ; mais Ayutthaya entrait dans une ère d'isolationnisme qui devait durer plus d'un siècle. Les autorités purent alors se consacrer librement aux affaires culturelles et religieuses. Les communications internes furent renforcées par la canalisation de nombreuses voies navigables.

Le règne de Boromakot (1733-1758) fut inauguré par une lutte particulièrement violente pour le pouvoir. Pendant vingt-cinq ans, le Siam vécut ensuite dans une paix inaccoutumée qui marqua l'âge d'or d'Ayutthaya. Poètes et artistes étaient nombreux à la cour, donnant aux arts et aux lettres un essor qu'ils n'avaient jamais connu auparavant. C'est à cette époque que des moines siamois furent invités à se rendre à Ceylan avec mission de purifier de «sangha» (la communauté) cinghalais, inversant le sens des influences religieuses qui avaient autrefois lié les deux pays.

Ce calme, en fait, précédait la tempête. Le fils de Boromakot, Ekatat, monta sur le trône en 1758 après une vive querelle avec son frère. Il s'entoura de femmes et vécut dans le plaisir. Pendant ce temps, un modeste chef de village édifiait le troisième empire birman et recevait la courone royale sous le nom de Alaungpaya. Ses armées, lancées à la conquête du Siam, furent repoussées en 1760 après qu'Alaungpaya se fut blessé avec son propre canon. Mais le 7 avril 1767, son fils Hsinbiyushin, menant une deuxième invasion birmane, s'empara d'Ayutthaya après un siège de 14 mois.

Pressés de se retirer de la capitale conquise, les Birmans tuèrent, pillèrent et incendièrent la ville entière, détruisant du même coup quatre siècles de civilisalion siamoise. Oublieux du respect dû à leur commune religion, les bouddhistes birmans saccagèrent les riches temples d'Ayutthaya, faisant fondre l'or qui recouvrait les statues de Bouddha. Les membres de la famille royale, nonante mille prisonniers et le butin accumulé furent emmenés en Birmanie.

ACCES DIRECT AU CHAPITRE SUIVANT : La période Thonburi où la vengeance de Taksin
RETOUR : Menu principal - Menu histoire

A SUIVRE ... ET REVENEZ NOUS SUR LE SITE

© Alain Bottu
La reproduction partielle ou totale de ce site à des fins non commerciales et/ou commerciales
- au sens le plus large -
est soumise à accord préalable de l'auteur
.