LE REGNE DE TRAILOK


La rivalité qui a opposé et Ayutthaya pendant deux siècles devait culminer sous le règne de Borom Trailokanat ou Trailok (1448-1488). Dans ses campagnes contre Maharaja Sutam Tilok, la ruse et la magie secondaient utilement la puissance militaire. Par exemple, un moine birman chargé d'espionner pour le compte de Trailok poussa Tilok à abattre un arbre sacré de Mengrai; le roi s'attira ainsi une série de malheurs. On découvrit que des envoyés d'Ayutthaya auprès de Tilok avaient enterré sept jarres contenant des substances qui devaient attirer le mauvais sort sur Chiang Maï. Les jarres furent jetées dans la rivière et avec elles les ambassadeurs, des pierres attachées aux pieds. Les combats entre ces deux royaumes rivaux contraignirent Ayutthaya a transférer sa capitale à Phitsanulok pendant les vingt-cinq dernières années du règne de Trailok, mais aucun des deux n'obtint de victoire décisive.

Le roi Borom Trailokanat (1448-1488), acheva la large réorganisation des structures administratives et sociales du Siam, les provinces furent placées sous l'autorité centrale.
Il nomma deux co-premiers ministres, notamment Samuhakalahom en charge des affaires militaires, et Samuhanayok pour des affaires civiles. Les fonctionnaires, tant civils que militaires ne recevaient pas de salaires.
En vue de les aider à trouver quelque peu un revenu et à régler la gestion foncière des terres, le roi émis en 1454 une loi réformant l'ancien système du Sakdi Na qui précisait les différentes classes de gens, les salaires et surfaces de terre à attribuer à chacun.
Il créa un système de corvée qui obligeait tous les hommes valides à travailler une partie de l'année pour l'état. Cette mesure contribua indirectement à revaloriser le statut des femmes, auxquelles incombait la charge de subvenir aux besoins de la famille pendant l'absence des hommes.

La loi de 1450 relative au Palais fixait les respectifs des membres de la famille royale, déterminait la fonction des personnages officiels et l'ordonnance des cérémonies. Elle énonçait aussi les châtiments. C'est ainsi qu'introduire des poèmes érotiques au Palais ou chuchoter pendant les audiences royales étaient punis de mort; pour avoir donné un coup de pied dans une porte palatine, on encourait l'amputation du pied. Ces sanctions n'étaient peut-être pas appliquées à la lettre ; elles ont néanmoins rehaussé la personne royale et intimidé les courtisans malintentionnés. Même les membres de la famille royale n'étaient pas épargnés, même si la loi stipulait qu'aucune main vile ne devait toucher une chair royale. Le bourreau se voyait donc contraint de frapper le condamné de sang royal sur la nuque avec une massue de santal.

Dans l'ensemble, les lois de Trailok ont favorisé le maintien d'une certaine mobilité à l'intérieur de !a société. Cela demeure vrai aujourd'hui, Les titres de noblesse étaient - et sont encore - des récompenses accordées au mérite plus que des droits héréditaires. Qui plus est, les titres des descendants royaux ne sont pas perpétuels. Ils se dévalorisent jusqu'à entraîner le retour au statut commun en l'espace de cinq générations.

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© Alain Bottu
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