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Thaïlande ou Cambodge ? Voilà une histoire qui reste bien controversée. Ce temple faisait anciennement partie intégrante du Siam. Suite à une décision de la Cour Internationale de Justice de La Haye, en 1962, il est maintenant situé … en territoire cambodgien. Banal me direz-vous, oui mais … son accès n’est possible qu’au départ de … la Thaïlande ! Ce qui n'est pas tout à fait vrai car il existe un sentier y menant au départ du Cambodge - d'ailleurs il faut bien que les gardes militaires cambodgiens et les petits marchands y arrivent aussi ! Cette situation particulière est due au fait que cet imposant sanctuaire est perché sur un éperon de la chaîne montagneuse du Dongkrek et domine ainsi la plaine cambodgienne de 657 mètres. Du coup c’est aussi un point stratégique militaire important. Dans le contexte de l’époque, ceci explique cela, bien qu’en examinant le tracé de la frontière fixé en son temps par les Français on puisse se poser quelques questions. La volonté Cambodgienne de faire inscrire le site au Patrimoine Mondial de l'Humanité de l'UNESCO n'a fait que relancer la querelle et je dirais même bien relancée puisque l'on se trouve dans une zone où la frontière n'a toujours pas été fixée définitivement ! Il reste toujours 4,5 km² contestés par les deux parties ! Le classement UNESCO n'a donc rien arrangé, au contraire. Le Bangkok Post (journal en langue anglaise de Bangkok) a publié en 2008 une série d'articles très complets sur le sujet. Ils avaient le mérite d'apporter, du point de vue thaïlandais, un éclairage intéressant sur la question. Un résumé de la l'arrêt de la Court de Justice Internationale est également disponible ici sous forme de pdf. Intéressant et instructif ! Prasat Phra Wihan, fut interdit d’accès durant une trentaine d’années et ce n’est pratiquement que depuis 1998 – 1999 que les visiteurs y ont à nouveau accès malgré des fermetures aussi "intempestives" que "stupides" car elles ont lieu pour de bien futiles raisons. Aussi nous ne pouvons que vous encourager TRES VIVEMENT à vous renseigner, auprès de Tourist Authority of Thailand ou de la police, avant d’entreprendre la longue route y menant. En ne pratiquant pas de la sorte vous risquez une amère déconvenue ! La construction du sanctuaire, commencée au XI° siècle sous le règne de Suryavarman Ier, est un ensemble assez gigantesque qui s’étale sur pas moins de 4 niveaux reliés par des escaliers (il y en a 800 mètres !) qui progressivement vous amèneront au Prang principal, dédié à Shiva et à la superbe vue sur la plaine et les montagnes environnantes. Ce sont chaque coins et recoins de ce sanctuaire, exceptionnellement orienté au Nord face à la Thaïlande, qui méritent l’attention et le regard tant il y a de sculptures et linteaux « dans l’état ». En effet Prasat Phra Wihan n’a fait l’objet d’aucun soin particulier ni même de restauration de la part des autorités cambodgiennes. Il s’offre donc à vous à l’état « brut » de ruines magnifiques. Indirectement elles permettent de mesurer la qualité des travaux de restauration effectués en Thaïlande par le Département des Beaux-Arts. N’empêche qu’en discutant avec les gens il y a autant d’avis « pour » que « contre » une restauration. Il n’y a pas à dire, dans l’état actuel, les ruines ne manquent pas de charmes. Face à l’impossibilité de voir le temple du chemin d’accès, ses richesses sont donc à découvrir au fur et mesure de l’ascension des escaliers. Après une première volée de 163 marches, la monumentale allée d’accès s’ouvre devant vous avec ses 78,5 mètres de long, ses 8 mètres de large et ses Singhas qui montent la garde. De là, ce ne seront plus que successions de Nagas aux 7 têtes, de Gorupas, de portes et linteaux sculptés, de Barays (réservoirs d’eau), d’allées et escaliers, de salles, librairies… jusqu’au grand Gorupa du 3ème niveau, la plus imposante des constructions, et qui servait en fait de Palais. |
Mais vous ne serez pas au bout de vos découvertes.
La progression continue parfois à même la roche pour finalement arriver au sanctuaire principal au sommet de la montagne. Sa galerie bien conservée vous permettra aisément de faire le tour du Prasat dont une partie est malheureusement effondrée. De là, quelques pas vous mèneront au superbe point de vue si la brume de chaleur ne perturbe pas trop l’horizon. Ce qui impressionne aussi ce sont toutes ces magnifiques pièces sculptées, linteaux … à même le sol, parfois enfouis à moitié, et qui se détruisent peu à peu. Quant au retour, c’est à nouveau le plaisir de voir les choses, autrement, du haut cette fois, et de prendre enfin la réelle mesure des dimensions de ce site. A ne pas manquer, mais du côté thaï et à proximité du Centre des Visiteurs, des Bouddhas sculptés dans la roche au bout d’un petit parcours assez « sportif » le long de la falaise. Dommage que cette bien belle visite ne soit quelque peu ternie par la politique tarifaire pratiquée. En effet, le côté thaïlandais fait partie du Khao Phra Viharn sous statut de Parc National depuis 1998 (un statut tellement "bidon" que ce pseudo parc ne figure même pas dans la brochure des Parcs Nationaux de l'Est de la Thaïlande !). Hors durant l’année 2000 les prix d’accès aux Parcs Nationaux ont été multipliés par 10 pour les étrangers (Occidentaux !). Et comme vous devez payer pour juste traverser rapidement le Parc National (+- 6 km de route) pour ensuite payer 20 baths au pseudo contrôle de frontière Thaï et repayer 200 baths visiter le site au Cambodge, cela fait une visite qui devient rapidement fort onéreuse, surtout si vous êtes en famille ! Et depuis le 15 septembre 2006 le prix est doublé ! En clair cela signifie que le prix est désormais de 400 baths/personne, donc le double du prix de la visite, un comble !!!!!. Rapide addition : Parc National : 400 baths + pseudo contrôle de frontière : 20 baths + 200 baths pour visiter le temple = 620 baths par personne. Arnaque, ni plus ni moins malgré les protestations des professionnels du tourisme pour cause de continuelle chute des visites par des étrangers ! Hélas la politique du « double tarif », pratiqué en Thaïlande, a encore de beaux jours devant elle. Quant à la partie cambodgienne, il serait souhaitable, là aussi au vu du prix payé, des pratiques étonnantes des "guides" ... d’assurer un minimum de ramassage des détritus divers qui gâchent la beauté des lieux déjà encombrés d'une masse de petites échoppes et vendeurs en tout genre qui ne vous laissent pas en paix. Mais ces petites choses ne vous empêcheront pas de passer un long moment dont vous garderez un excellent souvenir. D'ailleurs la valeur du site est telle qu'enfin, en 2008, le site a été classé au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO. Il était temps et n'en déplaise aux autorités thaïs qui par "nationalisme" mal placé n'ont pas manqué, avec virulence, de mettre des bâtons dans les roues de ce classement. Khao Phra Vihan figure dans les suggestions de circuits des sanctuaires khmers. MISE EN GARDE :
Lorsque vous franchirez le petit pont et sa " grille-frontière " vous verrez des panneaux " DANGER - MINES " à votre droite. Ils ne sont pas là pour " faire bien " et encore moins pour faire " exotique ".Comme à beaucoup d’endroits le long de la frontière Cambodgienne, c’est truffé de mines anti-personnelles, anti-chars et d'obus non explosés. Les travaux de DEMINAGE DU SITE DU TEMPLE et des abords, qui furent entamés suite à un accord signé en avril 2002 entre les Nations-Unies et les parties concernées et grâce aux 20 millions de $ provenant de dons de gouvernements européens, SONT TERMINES. Pas moins de 612 mines anti-personnelles furent enlevée ainsi que 7 mines anti-chars. Un fameux travail pour la sécurité de tous. La présence des panneaux ne doit donc pas vous faire renoncer à cette merveille, VOUS NE RISQUEZ RIEN SI VOUS NE VOUS ECARTEZ PAS DES ZONES RESERVEES AUX VISITEURS et donc du site du temple. Hors de cela « DANGER MORTEL » ! Depuis le classement UNESCO de ce temple, en 2009, le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge a repris. Cela mène à de réguliers affrontements armés entre les parties. Allant de simples échauffourées, provenant de provocations, jusqu’à des échanges de tirs d’artillerie, il est bien évident que l’accès à la zone est très difficile et fortement déconseillé. Comme il suffit parfois d’un rien pour que les hostilités ne reprennent, il est actuellement préférable d’oublier de visiter ce temple ainsi que de parcourir la frontière en ce compris la zone des temples khmers de Ta Mueng. Ne perdez pas votre temps à « essayer » d’y aller malgré tout, les militaires ne vous laisseront pas passer. |