SUKHOTHAI SOUS LA DYNASTIE PHRA RUANG


Au XIII° siècle, les Thaïs étaient de plus en plus nombreux à tenir les rennes du pouvoir.
C'est ainsi que Bang Klang Thao et Pha Muang, gouverneurs de Ban Yang et Rad, décidèrent en 1238 de joindre leurs forces respectives et de renverser les Khmers en les chassant de Sukhothaï. Avec le soutien des Thaïs, Bang Klang Thao fut sacré roi sous le nom de Si Inthrat de Sukhothaï, titre qui avait été donné par les Khmers au gouverneur de la ville.
Ainsi naissait le premier royaume indépendant de Thaïlande à Sukhothai.
Ce fut une sorte «d'âge d'or» qui commençait. Sukhothaï marque l'apparition d'une société Thaï dotée d'institutions, d'un art et d'une architecture propre. Les Bouddhas de Sukhothaï sont considérés comme l'expression la plus originale du génie artistique Thaï.

C'est son second fils, Bang Muang, qui devint le Roi de Sukhothaï. A la mort de Bang Muang en 1279, c'est son frère Bang Khamhaeng (3° fils du Roi Si Inthrat) qui est monté sur le trône.

Son titre lui avait été donné par son père à l'âge de 19 ans lorsqu'en campagne contre un état voisin, il défia le chef ennemi en combat singulier à dos d'éléphant, sauvant ainsi la situation.

Ram Khamhaeng (Rama le Brave) fut non seulement le roi le plus célèbre de Sukhothaï mais aussi un grand roi. Pendant son règne, Sukhothaï fut en pleine expansion passant d'un royaume composé de la ville et de ses environs à un royaume s'étendant de Luang Prabang à l'est jusqu'à la péninsule méridionale, en passant par les plaines centrales. L'état des Môns en basse Birmanie reconnaissant sa souveraineté.

En monarque absolu, il gouvernait ses gens avec justice et magnanimité. N'importe qui pouvait lui soumettre une plainte, il n'avait qu'à faire sonner une cloche à la barrière du palais. Il accordait alors audience afin de fournir une occasion de découvrir par lui-même les causes de la plainte. Il décidait ensuite en fonction de la situation.
Il montrait un intérêt considérable à l'instruction morale des gens. Il les a persuadé d'observer les préceptes Bouddhistes simples pour avoir des mérites, de donner l'aumône et d'assister régulièrement aux sermons. Pieu, il est en fait responsable de l'introduction du Bouddhisme Theravada importé de Ceylan. L'animisme restant toutefois présent comme en témoigne cette mention par Ram Khamhaeng d'un esprit habitant la montagne, nommé Phra Khapung Phi, «supérieur à tous les autres esprits du pays», qui, invoqué de façon adéquate, peut assurer la prospérité. Cette idée de l'esprit supérieur est toujours présente de nos jours dans l'image de Phra Siam Devadhiraj, ange gardien su Siam.
Son trône de pierre (trône de Manangcasila) était dressé dans une palmeraie. A sa demande, un prêtre y prêchait lors de chaque pri-sabbath ainsi que le jour du sabbath. Il y conduisait les affaires de l'état les autres jours.
Bref, le régime de Ram Khamhaeng à Sukhothaï avait toutes les caractéristiques d'un régime de gouvernement paternaliste.

Réalisant l'importance d'une langue nationale comme force d'unification du peuple ainsi que comme symbole de son indépendance, il a créé en 1283 le premier alphabet Thaïlandais, utilisant comme base les écritures Môn et Khmer dont la tournure était dérivée d'une écriture du sud de l'Inde.
Il employa pour la première fois la nouvelle écriture en 1292 pour une transcription, sur pierre de la description de l'état idyllique de son royaume : une terre fertile donnant une nourriture abondante, où le commerce était libre, l'esclavage interdit et l'héritage garanti.

L'édification de la nation Thaïe fut d'autre part rendue possible par l'entente de trois souverains indépendants. A l'annonce de la prise de Pagan (Birmanie) par les armées de Kubilay Khan en 1287, Ram Khamhaeng conclut en effet un pacte avec les princes Thaïs du Nord, Mengraï de Chiang Raï et Ngam Muang de Payao. Tous trois s'entendirent pour protéger mutuellement leurs frontières contre l'ennemi commun. Ce pacte dura jusqu'à leur mort.

La politique mongole (diviser pour régner) soutenait la jeune puissance des Thaïs et il pouvait donc concentrer toute son attention sur les Khmers qui, à tout moment, pouvaient commencer une guerre ouverte contre Sukhothaï. En même temps, il sauvegardait le flanc ouest de Sukhothaï par des accords par lesquels le souverain de Pegu lui jurait fidélité. Il a également ouvert des relations diplomatiques directes avec la Chine (les annales chinoises relatent la venue du souverain en personne (1294) et pas moins de sept missions en provenance de « Sien » (Sukhothaï) entre 1282 et 1323.
Des artisans Chinois aidèrent même les Thaïs à améliorer la production des poteries à Sukhothaï (les céramiques de Sawankhalok).

ACCES DIRECT AU CHAPITRE SUIVANT : La fondation de Chiang Maï et le déclin de Sukhothaï
RETOUR : Menu principal - Menu histoire

A SUIVRE ... ET REVENEZ NOUS SUR LE SITE

© Alain Bottu
La reproduction partielle ou totale de ce site à des fins non commerciales et/ou commerciales
- au sens le plus large -
est soumise à accord préalable de l'auteur
.