CONFUSION ET INSTABILITE


La brutale transplantation de la démocratie occidentale dans une société aux traditions immuables a inauguré une période d'instabilité politique. La Constitution permanente fut révisée plusieurs fois, les systèmes parlementaires à une et deux chambres furent expérimentés tour à tour. Et l'échec de ces intermèdes démocratiques a provoqué l'intervention des militaires.
La période 1935-1938 fut marquée par une des crises gouvernementales permettant a Pibul de contrôler le pouvoir. Sous son régime autoritaire, à partir de décembre 1938, le nationalisme fut à l'honneur tant sur le plan économique que culturel. Témoin de ce chauvinisme nouveau, le nom du pays fut changé officiellement en celui de Thaïlande. Pibul lança une «campagne civilisatrice» qui obligea les masses à se vêtir à l'occidentale et bouleversa les coutumes ancestrales. Il fut interdit de mâcher du bétel, alors que l'habitude en était prise depuis la nuit des temps. De même, il devint obligatoire, en public, de porter des chaussures et un chapeau. Même des mères enceintes ou des blessés graves ne pouvaient avoir accès à l'hôpital s'ils ne portaient ni chapeau ni chaussures.
Le gouvernement de Pibul changea aussi le nom du pays de Siam (Prathet Syamen) en Thaïlande (Prathet Thaï). Le nom international devenant également Thaïlande. Les raisons du changement furent la mise en conformité du nom du pays avec les origines raciales et les pratiques populaires du peuple Thaï. Excepté une interruption durant la période 1945-1949, Thaïlande est depuis lors le nom officiel du Siam.

En 1940, Luang Pibulsonggram fit une demande, à la France, de restitution de certains territoires de l'Indochine. La France devait refuser, entraînant une dispute qui fut finalement réglée grâce à la médiation du Japon. En mai 1941, un traité était signé à Tokyo, la Thaïlande se voyait restitué les territoires de Battambong, Siamrap, Champasak et Lanchang.

La guerre fit irruption en Asie orientale le 8 décembre 1941. Pendant cette seconde guerre mondiale, le gouvernement conclut une alliance avec les Japonais. Cette alliance fut suivie de la déclaration de guerre contre les U.S.A. et la Grande-Bretagne (le 25 janvier 1942). Grâce à cette protection, la Thaïlande put réaliser sa politique expansionniste au dépens de la Birmanie, de la Malaisie ou du Cambodge. Ces provinces annexées furent restituées après la défaite de l'Axe en août 1945. Un mouvement de résistance au gouvernement collaborateur de Pibul s'organisa, ce fut le Seri Thaï, ou mouvement des Thaïs libres, qui reçut le soutien actif de Pridi et fut conduit des Etats-Unis par Seni Pramoj. Les Japonais s'en inquiétèrent de plus en plus, mais, quand sonna l'heure du reflux des envahisseurs, le gouvernement de Pibul s'effondra..
Fin juillet 1944, Pibul fut obligé de démissionner suite à un vote à l'assemblée Nationale, et Khuang Abhaiwong devint Premier Ministre.

Le 15 août 1945 ce fut la fin de la seconde guerre mondiale. Seni Pramoj fut nommé Premier ministre de manière à réconcilier la Thaïlande avec l'Occident. Une proclamation, fut émise, expliquant que la déclaration de guerre contre les pouvoirs occidentaux était nulle et non avenue, car elle le fut contre la volonté du peuple Thaïlandais. Elle fut acceptée sans condition par James Byrnes, secrétaire d'état américain.
La Thaïlande posa sa candidature aux Nations Unies dont elle devint le 55° membre le 16 décembre 1946.

Seni fut rapidement remplacé par Pridi, dont la position pendant la guerre avait restauré l'image de marque. Le roi Ananda Mahidon, alors âgé de vingt ans, rentra au pays en 1945 et reçut un accueil tumultueux. Un an plus tard, le jeune roi fut retrouvé mort dans sa chambre, tué d'un coup de pistolet. Cette mort tragique et non élucidée causa la perte de Pridi.

Le jeune frère du roi, Phumiphon Adulyadet, l'actuel monarque, lui succéda. Le nouveau roi reprit ses études en Suisse en 1946 et le prince Rangsit de Jainat, qui venait de passer six ans en prison, fut nommé régent jusqu'à sa mort en 1951.

Les militaires consolidèrent leur pouvoir en 1947 par un coup d'état qui ne fit pas de victimes. Une des figures de proue des putschistes était le colonel Sarit Thanarat, commandant la première division, stationnée dans la région de Bangkok. Avec lui, une nouvelle génération d'officiers accédait au pouvoir, des hommes éduqués en Thaïlande et moins occidentalisés que les meneurs du coup d'état de 1932. Les craintes de la bourgeoisie et de la classe moyenne, qui se sentaient menacées par les soulèvements communistes éclatant dans les pays voisins, ont contribué au maintien de la junte au pouvoir pendant vingt ans.

Le maréchal Pibul revint sur le devant de la scène politique en 1948. Il devait rester à la tête du gouvernement pendant dix ans. Sa politique étrangère anticommuniste l'incita à chercher une collaboration plus étroite avec les Etats-Unis contre la république populaire de Chine. La Thaïlande rejoignit l'OTASE (Organisation au traité de l'Asie au sud-est) pour combattre l'agression communiste.

L'aide économique américaine débuta en 1950, elle fut consacrée pour l'essentiel aux dépenses militaires. Son volume devait atteindre des proportions gigantesques pendant la guerre du Viêt-nam.

A la suite de sa tournée mondiale de 1955, Pibul décida de tenter une expérience démocratique en levant l'interdiction des partis et en autorisant les harangues populaires à caractère politique. Cet interlude démocratique fut un nouvel échec et, deux ans plus lard, l'état d'urgence était proclamé. Le gouvernement nouvellement élu était renversé par Sarit.

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