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C'est un autre rendez-vous avec l'histoire que nous vous proposons cette fois : Le pont de la Rivière Kwaï Située à environ 2 heures de route de Bangkok, Kanchanaburi est la ville où se trouve le célèbre pont de la Rivière Kwaï immortalisé par des livres et surtout un film célèbre. Chaque année ce sont des centaines de milliers de touristes qui sont attirés par ce pont. Par contre Kanchanaburi est moins connue pour ses multiples autres beautés dont nous reparlerons plus loin. Commençons par le pont dont voici un peu l'histoire. Beaucoup ont vu le film, tournée partiellement en Angleterre et au Sri Lanka, mais est-ce la véritable histoire qui y est racontée ? Disons directement que "NON", le pont ne fut pas détruit par un commando britannique, mais bien endommagé par des bombardements américains et britanniques. |
Les atrocités japonaises sont-elles réelles ? "OUI", c'est clair et net, ce fut atroce. De nombreux prisonniers y laissèrent leur vie ? "OUI", mais c'est oublier les dizaines de milliers d'Asiatiques qui eux aussi payèrent un lourd et fatal tribu. C'est malheureusement un très grand regret de ma part car il n'est nullement fait mention de cela lors de la visite des cimetières. Il n'y en a que pour les victimes alliées. J'espère qu'un jour un réel hommage leur sera rendu ainsi qu'aux dizaines et dizaines de milliers de femmes thaïlandaises forcées de "satisfaire" les "plaisirs" de l'armée japonaise. Jamais, ni la moindre excuse, ni le moindre regret ne furent formulés par les autorités japonaises ! Mais que c'est-il donc réellement passé à la rivière Kwaï et sur cette ligne aussi connue sous le nom de « Death Railway » compte tenu du nombre de morts provoqué par sa construction ? Décembre 41, Pearl Harbour, déclaration de guerre des japonais contre les forces américaines, britanniques et des néerlandaises. Ceci en continuation d'une guerre déjà bien lancée en territoire chinois. En 1942, c'est le déferlement des troupes japonaises à travers l'Asie jusqu'aux confins des frontières de l'Inde. Mais les forces alliées contre-attaquent et les problèmes d'approvisionnement de l'armée japonaise commencent à se faire sentir. Ravitailler les troupes d'occupation en Birmanie n'est pas simple, mais alors là pas du tout. La route maritime passant par le détroit de Malaca est sous la menace continuelle des forces alliées. L'idée est donc de relier Bangkok à Rangoon par une voie ferrée. L'armée japonaise disposait d'un "stock" humain de prisonniers britanniques, néo-zélandais, australiens, hollandais et aussi de quelques américains. Ce fut le matériel "humain" utilisé pour la construction du chemin de fer de la rivière Kwaï ! Dès juin 42 les travaux commencent en vue d'arriver à transporter quotidiennement près de 3.000 tonnes de ravitaillement japonais. Mais sous la pression de victoires alliées, l'accélération des travaux fut ordonnée. La durée de construction estimée à 3 ans par les ingénieurs japonais fut ramenée à un an par l'armée japonaise ! Dans de telles conditions il est inutile, je pense, de préciser que la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre ne fut en rien respectée. Travail des plus pénibles dans la jungle, privation, mauvais traitement, sadisme des troupes japonaises et coréennes (les vaincus sont des lâches car ils auraient du payer de leur vie pour sauver leur honneur …), manque d'hygiène et d'alimentation, malaria, choléra, et autres maladies tropicales … et ce fut une véritable hécatombe. |
Si au début les travaux furent réalisés en terrain quasi plat il en fut tout autrement pour traverser la rivière Kwaï et vaincre les crues de la mousson et assurer le passage des gorges en amont. Un grand pont métallique de 11 travées fut "démonté" en Indonésie et amené sur place à Kanchanaburi près du confluent des 2 rivières Kwaï (la Kwaï Yai et la Kwaï Noi) qui ensemble forment la Mae Klong River. Un pont de bois fut construit pour assurer les premiers passages durant le temps de la construction du vrai pont métallique toujours bien présent de nos jours. De Kanchanaburi à la frontière Birmane (la passe des 3 pagodes) il fallait un mois de marche à travers la jungle ! Cela n'allait donc pas assez vite aux yeux des japonais et, fanatisme aidant, c'est là que 200.000 asiatiques furent "recrutés" pour accélérer les travaux. L'armée japonaise parle de 68.800 prisonniers de guerre utilisés pour la construction de la ligne dont : 30.000 britanniques, 13.000 Australiens, 18.000 hollandais et 700 américains. Près de 18.000, officiellement, devaient y trouver la mort, ainsi que 49.000 travailleurs forcés Thaïlandais (mais de nombreuses sources parlent de 100.000). Si les deux cimetières alliés comportent un total de 8.732 tombes, ce qui frappe de nombreux visiteurs, outre la jeunesse des soldats morts pour ce pont, c'est l'absence de cimetière pour les Thaï. En fait, toutes les dépouilles furent brûlées comme de coutume dans le pays et les deux cimetières alliés furent construits par les autorités locales et alliées comme ce fut le cas en Europe pour les autres cimetières militaires. Ce que l'on appelle "Le pont de la rivière Kwaï" est en fait le plus grand pont sur la rivière, mais pas l'ouvrage le plus difficile (pour cela prenez le train et vous découvrirez l'ampleur de la tâche menée par les prisonniers). Bombardé à de nombreuses reprises par les américains, les dégâts majeurs furent causés par des Libérators de la R.A.F. en juin 45 (les deux travées centrales). Il est donc toujours d'origine. A noter que les travées réparées portent une plaquette "Made in Japan !" Mais une autre visite frappe durement les visiteurs, celle du « JEATH War Museum » construit sur le modèle d'un camp de prisonniers. Il contient une exposition sur la vie dans le camp, sur le pont et les atrocités incroyables commises sur les malheureux prisonniers. Le dégoût ! Il est dès lors facile de comprendre pourquoi les Japonais sont peu appréciés des Thaïlandais ! (le mot JEATH a été formé par les premières lettre de Japan - England - America - Australia - Thailand - Holland). Aujourd'hui la ligne s'arrête à Nam-Tok, il ne subsiste donc que 130 kilomètres de cette ligne qui en comptait 415. Le reste fut démantelé après la guerre par les Britanniques qui y récupérèrent tout ce qui était possible et la ligne fut vendue à la Thaïlande. Si un jour vous y allez à la rivière Kwaï, ayez une pensée pour ceux qui y périrent. Mais la rivière Kwaï c'est aussi des fabuleux paysages, des possibilités de promenades, trekking ... dans les vallées voisines le long de la frontière Birmane pour aller à la rencontre des tribus vivant dans la montagne, des hôtels flottants sur la rivière, de petites grottes, de chutes d'eau , de sources d'eau chaude, de barrages hydroélectriques et réserves d'eau, du poste frontière de la passe des 3 pagodes ... |
Quelques conseils : ne vous aventurez pas seul dans la jungle même sur l'itinéraire balisé de la passe des 3 pagodes, remontez la rivière en bateau (c'est super) et passez du temps dans les villages de tribus Moon (ils sont charmants) et surtout ... n'hésitez pas à prendre le train qui passe sur le pont de la Rivière Kwaï (Bangkok, Nam-Tok pour quelques dizaines de baths) c'est une expérience des plus agréable dans un paysage de toute beauté et varié.
Vous ne disposez pas de 5 heures pour assurer la liaison Bangkok - Nam-Tok (et oui le " touriste pressé ") ? Alors faites au moins le trajet Pont - Nak-Tok, car le tronçon Takilen-Wang-Po mérite franchement le détour ! Il faudra se pencher par les fenêtres et filmer ...vers le bas des wagons. Un trajet de près de 2 heures que vous n'oublierez pas de sitôt. Montez à la petite station du Pont de la Rivière Kwaï et à vos appareils photos et vidéo. Vous avez du temps ! Alors une autre surprise vous attend à Muang Sing (Cité du Lion) à 45 kilomètres du Pont. Adorables vestiges d'une cité khmère fortifiée. Mais c'est l'objet d'une autre visite. Il en est de même de Hellfire Pass. Terminons cette brève histoire de la Rivière Kwaï par une anecdote authentique (que j'ai lue moi-même en son temps dans le Bangkok Post), un Hollandais était allé demander aux autorités de restituer le pont à Java. Inutile de dire que s'il fut reçu avec le sourire (le légendaire sourire Thaï) il fut fermement éconduit ! Toute l'économie locale tourne sur la notoriété du Pont de la Rivière Kwaï ! |
Bibliographie pour la rivière Kwaï :
- Geoffrey Pharaoh Adams - ancien prisonnier de guerre : No time for Geishas
- Melle Thida Loha : Le pont de la rivière Kwaï, Kanchanaburi